Jean-Thomas Bédard, artiste photographe

Je suis un artiste et un environnementaliste engagé. Cela se traduit par mon art qui puise dans la nature et par mon engagement citoyen à protéger la biodiversité et, à travers elle, la beauté du monde. Toute ma production photographique des dernières années s’inspire de la nature.  Elle est élaborée uniquement à partir des matériaux issus de la nature : formes géologiques, arbres, racines, plantes, oiseaux, poissons, nuages -  des figures humaines peuvent y apparaître -  que je reconstruits de manière ludique pour décliner les multiples variables d’une géographie intime.

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Cette préoccupation pour la nature se combine avec celle de l’appartenance au territoire, lieu qui nous définit sur les plans sociologique et culturel. Notre territoire a été et demeure un espace sauvage, rude et exigeant qui a forgé notre résilience en tant que collectivité, ce qui inclut les Premières Nations, et qui a nourri le récit identitaire du peuple québécois. L’élément emblématique par excellence de ce territoire est le fleuve Saint-Laurent et son vaste estuaire.  Il a déterminé le peuplement et les échanges comme il a permis le développement de connaissances et de savoir-faire inscrits dans notre héritage culturel.  Par mon projet photographique, je souhaite apporter ma contribution à l’édifice de cet héritage en alimentant ce récit avec de nouvelles images

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Depuis une décennie, je parcours le littoral du Saint-Laurent pour en capter l’essence dans des compositions texturées aux couleurs vibrantes et des espaces inventés chargés de symbolisme. Les repères spatiaux y sont brouillés à dessein pour qu’on y visualise autre chose, à une autre échelle.  Les titres eux-mêmes donnent une clé pour la lecture des œuvres.  À partir des formes, textures et couleurs puisées sur le littoral du St-Laurent, j’arpente un territoire imaginaire, sorte de métaphore des liens paradoxaux que l’humain entretient avec le territoire réel.

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Ma production a pris la forme de séries, chacune caractérisée par un traitement visuel spécifique qui, grâce aux outils numériques, développe une facette de ma pratique artistique. Tantôt j’élabore des collages dont certains évoquent des figures totémiques ou des déités primitives.  Tantôt je subdivise l’image en rectangles enchâssés les uns dans les autres, comme des poupées russes. L'œil y découvre des répliques de l'image originale dans un effet de mise en abîme qui ouvre une trouée au cœur de l’image.  Tantôt, je fusionne plusieurs images pour faire émerger un monde surréel riche en symboles.

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Ma pratique cherche à bâtir des ponts entre la nature et les êtres humains. J’attribue à mon art le rôle de passeur, le rôle d’un art qui nous invite à transformer notre regard sur notre environnement de façon à passer du récit de la domination de l’homme sur la nature à celui d’une nature collaborative dont l’être humain fait partie au même titre que tous les autres vivants.  Dans ce récit, la nature est un écosystème dont l’équilibre permet à toutes les espèces de vivre et de s’épanouir. 

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Nourri par ma réflexion sur le lien existentiel de l’être humain avec son territoire, mon projet photographique est autant une ode à notre territoire nordique et aux multiples facettes de son littoral maritime qu’un appel à la reconnaissance de sa valeur culturelle et de sa fragilité.